Les deux accusés de l’assassinat, commis à Charly-sur-Marne en avril 2010, sont bien différents l’un de l’autre. L’un exprime la gêne, l’autre l’aisance. Philippe Caubet, 46 ans, un ancien SDF, demeurant dans un foyer à Reims, s’inscrit dans le premier registre. Sa tête et son corps sont gagnés par un léger tremblement.
Debout, cet homme portant un veston bleu, aux cheveux châtains séparés par une raie, ne parvient pas à maîtriser un balancement. Il est libre après deux ans passés en prison. « C’était difficile. J’étais indigent. Je n’avais pas de visite et pas d’argent », dit-il d’une voix un peu éteinte.
Malgré son profil fragile, c’est sa lucidité qui impressionne lorsqu’il s’exclame : « La drogue a gangréné ma vie. » Usé par la solitude et le dénuement, il apprécie la compagnie des chats. « Cela me donne un peu de responsabilité. Je n’arrive pas à m’occuper de moi. »
Ancien béret rouge
Michael Marchand, 41 ans, incarcéré depuis mai 2010, porte une chemise blanche impeccablement repassée. Ses épaules sont larges et sa mine séduisante avec des traits réguliers, une chevelure brune, coiffée en arrière. Il parle avec facilité.
Mais ce colosse porte une blessure profonde, celle de ne pas connaître le nom de son père, un boxeur qui aurait voulu continuer sans gêne sa carrière. « Je pense que ce sont des réponses que je n’aurai jamais », explique-t-il en affichant une moue désabusée.
Son service militaire se déroule en 1991 chez les parachutistes à Montauban. Il saute à quarante-et-une reprises, apprécie la discipline, le danger, la vie aventureuse.
Une rencontre féminine l’amène à ne pas signer un contrat. Loin du corset des règlements rythmés par le son du clairon, il multiplie les fausses notes. Michael Marchand consomme de l’héroïne, de la cocaïne, après le cannabis. ll est condamné à neuf reprises. Dont un outrage à magistrat à Soissons.
L’ancien guerrier cherche à pimenter sa vie. C’est un oiseau de nuit qui se brûle les ailes. Il rentre chez lui au petit matin de bals ou de dancings. Il est employé comme agent de sécurité aux Invalides à Paris. L’attrait de la fête est le plus fort. ll est congédié.
Source : http://www.lunion.com/region/assassinat-de-charly-sur-marne-deux-accuses-deux-ia3b26n71761